LIVRJEUN
Février 2020
Coup de cœur
Ce très bel album évoque un thème difficile à aborder avec les enfants : la maladie.
Le texte est simple, doux, et les illustrations viennent l'embellir. On ne peut rester insensible au choix des couleurs, à la tendresse dans les regards, aux larmes, à la souffrance des personnages évoquée de façon pudique.
Avec la maladie de sa maman, l'univers joyeux et insouciant de Clothilde s'effondre. Elle doit faire face à ce cataclysme au même titre que ses parents. Elle assiste, impuissante, à la chute des cheveux de sa mère, à sa perte d'appétit. Derrière le portail de l'école, elle la voit repartir courbée en deux dans le froid. Elle ressent le désarroi de son père.
Ce sont toutes ces émotions que France Quatromme nous fait passer et qu'illustre de façon merveilleuse Elsa Oriol.
Pourtant, malgré un thème difficile, l'histoire est pleine d'espoir et de vie.
Les membres de la famille sont soudés. Maman continue du mieux qu'elle peut, malgré la souffrance et le traitement, à vivre comme avant. Et puis il y a le cerisier, omniprésent tout au long de l'histoire. Il suit le cycle des saisons et l'évolution de la maladie. Au cœur de l'hiver, ses branches dénudées abritent d'une façon tendre et pudique papa qui enlace et protège maman sans cheveux. Dans le noir de l'hiver, les bourgeons poussent et laissent exploser une masse de fleurs roses à l'arrivée du printemps. Sa floraison coïncide avec la guérison de maman et c'est au pied du cerisier en fruits, que seront enterrés les restes du « monstre au cœur de pierre ».
Cet album mérite vraiment d'être découvert et partagé !
Françoise VIDEGRAIN
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LISEZ JEUNESSE
31 mars 2019
Proposer aux enfants un récit sur la maladie n’a rien d’évident. Comment s’y est prise France Quatromme qui a relevé ce défi ?
D’abord, elle a choisi d’immerger le lectorat au cœur de la relation d’une mère et de sa fille, relation propice à l’expression des émotions. C’est la mère qui est malade, atteinte d’un cancer du sein. France Quatromme a ensuite mis de la distance entre les lecteurs, les lectrices et le récit : elle a refusé la narration à la première personne, préférant opter pour une narration à la troisième personne. Elle évite ainsi ce qu’une identification à l’héroïne pourrait avoir de ravageur. Les illustrations courent sur les doubles pages ce qui rend le lectorat dépendant des décors, paysages, situations relatées par Elsa Oriol. Les peintures, servies par le grand format de l’album, sont porteuses de calme et pourtant reflètent une indicible tristesse. C’est justement cet indicible que vise le texte de France Quatromme.
La couleur va épouser le passage des saisons c’est-à-dire du temps. Le récit traverse l’angoisse de la mort tout le long de la période hivernale. L’album se clôt sur le printemps, « le cerisier, comme une promesse… », les couleurs vives et une double page lumineuse où une mère qui a retrouvé ses cheveux tient par l’épaule une petite fille, toutes deux de dos mais face aux cerisiers chargés de leurs fruits carmin.
Philippe Geneste
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
1er mars 2019
Clotilde aime jouer et cueillir des fruits du cerisier avec sa maman. Toutefois, comme le cerisier qui perd ses feuilles au fil des saisons, maman commence à manquer de force, à perdre son appétit, ses cheveux. Face à ces changements, Clotilde s’adapte difficilement, progressivement, et sa mère fait comme elle peut pour maintenir leurs activités complices.
La métaphore du cerisier permet d’aborder de façon douce et pudique un sujet pesant. La maladie grave d’un proche, le cancer de la mère, est amenée progressivement dans le quotidien, sous l’œil attentif et interrogatif de l’enfant, que l’angoisse envahit face à cette situation dangereuse. Le rouge et le rose apparaissent par touches comme pour souligner l’appétit de vivre et les liens complices qui unissent et perdurent entre mère et fille, en dépit de la maladie et de son traitement. La fin optimiste installe une atmosphère tranquille et apaisée, rassurante.
(P.E.)
Lietje
22 décembre 2018
Autrefois, Clotilde et sa maman se promenaient, cueillaient des cerises, jouaient ensemble. C’était avant la maladie de maman, qui lui fait mal au sein et lui fait perdre ses cheveux. Passent l’automne et l’hiver, qui semble sans fin. Au printemps, le cerisier se recouvre de bourgeons, puis de fleurs. Maman reprend des forces, elle aussi, et, avec Clotilde, va enterrer les restes du monstre au cœur de pierre. Crachant les noyaux des cerises, elles imaginent la forêt de cerisiers qu’elles verront un jour…
On le voit, le thème est sérieux et lourd, comme souvent dans les ouvrages des éditions Utopique. Comment parler aux enfants de la maladie, du cancer qui touche leurs parents, sans dramatiser, mais aussi sans édulcorer ce qu’il y a de souffrance destructrice. Cet album parvient à la faire avec tendresse et pudeur, sans hésiter à nommer ou montrer les choses (le cancer, la perte des cheveux, la perruque, la fatigue, le dégout qu’inspire la nourriture). Le texte sait utiliser des formes poétiques pour parler du temps passé. L’anaphore « d’habitude » et l’imparfait qui ouvrent l’album disent, à eux-seuls, la rupture dans la vie introduite par quelque chose qu’on découvrira en son temps, lorsque le texte dira l’aujourd’hui de la maladie, dans un présent qui semble sans fin, et laisse parfois la place à un conditionnel ou un futur qui semblent bien hypothétiques. Puis aujourd’hui laisse la place à un futur plein de promesse. Le cerisier devient comme une métaphore de la maladie et de la guérison, dans un cycle où le temps s’écoule à son rythme. Et c’est l’un des grands mérites de cet album de rendre perceptible la durée. Autre grand mérite, montrer la famille unie dans des saynètes pleines d’émotion autour de la nourriture, des attitudes du père envers la mère, de la complicité des choses qu’on peut encore faire ensemble (le yoga ou la route vers l’école).
Les illustrations en double page accompagnent à merveille ce texte : les couleurs chaudes du début, évoquant les moments passés et le bonheur, laissent place à des couleurs plus froides qui se réchaufferont à la fin. On suivra en particulier la façon dont une touche rouge dans chaque image, rappelle ce motif des cerises, tandis que la mère est presque toujours vêtue de bleu. Rien de trop dans ces images, qui suggèrent parfois plus qu’elles ne montrent, et s’attachent sur les liens familiaux portés par les corps, les attitudes et surtout les visages pleins d’expressivité.
Un album qui est loin d’être un médicament, et qui, au travers de la parabole du cerisier, dit, avec beaucoup de retenue, dans une langue poétique, le lent chemin à parcourir vers la guérison tant espérée.
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FREQUENCE PROTESTANTE
Emission Enfantillages
«d’habitude, c’était hier ». Hier, quand Clotilde, insouciante, jouait encore avec maman à se faire des pendants d’oreille en cerises. Hier, avant « le cancer au cœur de pierre ».
Tout en douceur, au rythme du cerisier qui renaît aux beaux jours et des étirements du chat Pépère, l’espoir, lumineux, jaillit d’un récit grave mais sans noirceur.
Florence DUTHEIL
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NVL la revue
Décembre 2018 - n° 218
Sélection "Remarqué !" - coup de cœur
Comment aborder le thème d’une maladie grave au sein d’une famille, les changements, la difficulté à faire face et pourtant l’espoir et l’amour toujours, véritable thérapie ?
Cet album apporte une première réponse remarquable de justesse. A travers la métaphore du cycle de vie d’un cerisier, on vit la maladie, le doute, l’espoir et enfin la rémission, vus par les yeux de Clotilde, petite fille désemparée face au cancer de sa maman. « {Ses longs cheveux} tombent par mèches entières alors que le cerisier, lui, s’effeuille tout doucement. » La maman écrit dans un grand cahier bleu « tout ce qu’elle a oublié de vivre, {…} tout ce qu’elle fera demain. » « L’hiver n’en finit plus. On croirait que le printemps ne reviendra jamais » et pourtant « le cerisier, comme une promesse, se recouvre de bourgeons. » Et la maman recommence à manger. Elle enterre symboliquement « les restes du monstre au cœur de pierre » dans le jardin. Et enfin, des cerises sur les branches et « sur la tête de maman, des cheveux. »
Le texte se glisse discrètement dans les magnifiques illustrations pleine page d’Elsa Oriol offrant une belle complicité entre la poésie des mots et la douceur infinie des dessins. Les pages au fond blanc insufflent une pause dans la lutte ; des tons ocres ou pastels mêlés à des pages sombres illuminent le tout. Baume apaisant. Même au plus profond de la maladie et de l’hiver, l’espoir est toujours présent.
L’histoire d’une (re)naissance. Bouleversant.
MPD
A VOS MARQUES TAPAGE
Le coin des p’tits loups ! N°60
Clotilde était une petite fille insouciante et heureuse de vivre auprès de ses parents. Très complice avec sa maman, elle adorait se percher avec elle dans le cerisier pour cueillir ses fruits rouges et mûris de soleil dont elles se faisaient de jolies boucles d’oreilles… Et tout plein de délicieux pots de confiture ! Mais ça, c’était avant… Avant la venue du « monstre de pierre » qui affaiblit maman chaque jour, la fatigue, lui fait perdre l’appétit… et ses beaux cheveux… Clotilde est triste. Mais elle est aussi très en colère contre ce qu’elle ressent comme une injustice… Et elle a tellement peur que sa maman disparaisse… Le printemps est de retour. On l’attendait depuis de longs mois… Le cerisier refleurit en autant de promesses de fruits, en même temps que les sourires de maman éclatent en autant de promesses de vie… Maman a vaincu le monstre de pierre ! Certes, le thème de cet album magnifiquement illustré par Elsa Oriol (quelle beauté… Comme toujours !) n’est pas des plus gais, bien que résolument optimiste. Difficile de parler de la mort et de la maladie aux enfants, c’est certain… Justement, cet album, si vous êtes malheureusement confrontés à ce genre de problème, vous donnera les mots et le ton juste pour expliquer ce que chacun ressent face à la maladie… Mais aussi et surtout qu’il faut garder l’espoir… Car il y en a toujours. Bouleversant, à tous points de vue…
Christine Le Garrec le 22 décembre 2018
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MES MADELEINES
06/11/18
Comment parler de maladie, d’espoir et de rémission possible ? Comment expliquer que l’amour reste même quand la vie devient difficile ? Comment (r)assurer que le beau temps vient toujours après la pluie ?
La métaphore japonisante du cerisier en fleur et du passage des saisons aide à répondre à ces questions si importantes quand on est angoissé(e)(s), petit(e)(s) et que tout semble insurmontable, surtout la peine que l’on ressent en soi et que l’on sent autour de soi …
Une formidable parabole sur le cancer et la rémission, la joie, l’amour et le bonheur d’être ensemble, simplement en bonne santé !
Un album tout doux, tout câlin, simplement pour aller mieux …
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ENCRES VAGABONDES
01/12/18
Cueillir des cerises avec sa maman est toujours un merveilleux moment. Clotilde et sa mère montaient dans l’arbre et se faisaient des pendants d’oreilles sous le regard de leur chat Pépère.
Mais toute la famille va devoir vivre un moment douloureux : « Elles se tenaient très fort l’une à l’autre, comme pour ne pas s’envoler, et elles riaient. Mais aujourd’hui, si Clotilde se serre un peu trop fort contre le sein de sa mère, ça lui fait mal ! »
Clotilde va vivre le cancer de sa mère avec toutes les phases : le traitement, la perte des cheveux, les nausées, la perte de l’appétit, la fatigue…
Beaucoup de délicatesse, de tendresse, d’amour existent entre la mère et la fille, entre le père et sa femme. Cette maladie concerne toute la famille et le soutien que chacun apporte contribue, en complément de la volonté de la mère, à atteindre la guérison.
C’est un très beau moment de combat et de renaissance. L’espoir et le positif qui transparaît au fil des pages permettent aux enfants de vivre autrement la maladie qui peut concerner l’un ou l’autre de leurs parents.
Les illustrations pleine page aident aussi à apaiser tous les sentiments dramatiques que l’on ressent en pareille circonstance.
C’est un sujet délicat à aborder mais cet album est très réussi pour en parler avec les enfants.
Brigitte Aubonnet
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ENFANCE MAJUSCULE
02 nov. 2018
Le temps des cerises c’est le temps du bonheur partagé entre mère et fille et puis vient la maladie, l’hiver et le lent chemin vers la guérison. Le cerisier et ses transformations au cours des saisons est la parabole de ce chemin.
Le bonheur s’exprime dans la répétition de « d’habitude ». D’habitude les promenades, grimper dans le cerisier, faire des pendants d’oreilles, tournoyer l’une contre l’autre.
Mais un jour Clotilde sent que sa mère a mal quand elle se serre contre son sein, et puis les longs cheveux tombent par mèches. Le cancer au cœur de pierre rôde.
La mère a décidé de se battre et toutes deux pratiquent le yoga ; malgré la neige, le froid, les nausées, la mère accompagne sa fille à l’école et le père est là qui réconforte, cuisine.
Et puis le printemps revient, Clotilde a cuisiné avec son père le gâteau préféré de maman, il y a des bourgeons sur le cerisier.
Et enfin un jour maman a retrouvé ses couleurs et accompagnée de Clotilde elle enterre dans le jardin, les restes du monstre au cœur de pierre.
Enfin le bonheur est retrouvé, le cerisier est couvert de feuilles et de cerises et maman a retrouvé ses cheveux. Elles peuvent envisager l’avenir.
Très bel album qui traite avec délicatesse, un sujet difficile à aborder avec les enfants. Album tout en douceur pour un thème si dur.
Liliane Chalon de l'Association Enfance Majuscule
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CROQU'LIVRE
Octobre 2018
Cet album relate l’histoire d’une famille de trois personnes : une femme, son compagnon et leur petite fille, Clotilde. La narration se fait d’ailleurs à travers les yeux de cette enfant qui, confrontée au cancer de sa mère, regrette les jours passés. Ce thème de la maladie qui peut, au premier abord, paraître lourd, en particulier au sein d’un album pour enfant, est néanmoins amené avec douceur et traité à travers un langage poétique qui donne à la réalité et au malheur même une dimension presque onirique, apportant ainsi une certaine douceur et légèreté à la tristesse qui s’en dégage.
Alexia, Master 2 Littérature jeunesse Besançon